T952 - Philomène et le Prince Charmant
952 - Philomène et le Prince Charmant.
Telle sœur Anne sur les remparts haut perchée,
Voulant s’assurer du charme de ses traits et attraits
Tout comme de la qualité de son fond de teint
Philomène scrutait attentivement l’eau d’un vieux lavoir,
Y cherchant le reflet de son visage entre les nénuphars.
Une grosse grenouille qui par les fonds logeait l’apostropha :
« Gare, pas d’imprudence, évite de te pencher par trop
Tu risques de tomber de haut
Inutile de t’interroger sur ta beauté
Tu es belle comme tout, sois rassurée !
Sur mon berceau les fées à ma mère l’ont annoncé :
Quand plus tard votre garçon rencontrera une beauté consentante qui lui conviendra
En ni une, ni deux, trois, il sera transformé en fils de roi.
Hé ! redresse-toi et ne bouge surtout pas.
Je suis une formidable sauteuse* dotée d’un fulgurant coup de reins
Vite fait d’un grand bond tu me trouveras près de toi.
Je crois que pour nous deux ce sera le bon moment, veux-tu m’épouser ?
Sois ma Reine, je serai ton Roi pour toujours aimant
Et nous aurons comme dans les contes d’antan beaucoup d’enfants,
Beaux comme de leur maman. »
Si loin de l’idée qu’elle se faisait du prince Charmant, qui doit l’être en tout,
Doutant d’une favorable métamorphose,
Philomène fit habilement celle qui n’avait point entendu et s’éloigna,
Poussée par une réaction quelque peu narcissique
– mais qui sommes-nous pour en juger ? –
Sceptique et inquiète quant aux modalités d’un extravagant accouplement
Elle se jura de désormais ne plus se contempler qu’en son seul miroir
Pour écarter les galants par trop décevants.
Quand on se nomme Philomène – la déesse qui aimait la lune
On se doit de veiller sur la sienne.
*** fin ***
*Reconnaissons qu’il est particulièrement maladroit à qui met en avant sa virilité pour arriver à ses fins de s’attribuer le titre de « sauteuse ».